3.2 - Les différents types de structures : critères de choix

Photo 30 : Exemple de structure "point de vue" matérialisant un lieu d'observation paysagère privilégié. Ce type de structure doit être situé très en retrait des espaces sensibles afin de limiter les dérangements potentiels causés à la faune. De plus, il est préférable de prévoir son implantation sur un promontoire naturel afin de ne pas gêner la perspective paysagère en milieux ouverts - Parc National des Iles Mingan, Québec

Photo 31 : Aménagement intérieur d'un observatoire "grands mammifères" : remarquerla construcffon des façades "à claire-voie", ainsi que l'absence de bancs et d'accoudoirs - PNR de la Forêt d'Orient

Photo 32 : Aménagements intérieurs comprenant . bancs & accoudoirs, estrades de surélévation non mobiles, fenêtres en veffe sans clapet. Au centre: emplacement "fauteuil roulant" (observer le renfoncement de la paroi, l'absence de banc fixe, et la faible hauteur des fenêtres par rapport au sol - RN des Marais de Bruges (SEPANSO)


Les observatoires de faune peuvent être de plusieurs types et dérivent, pour la plupart, d'une configuration rectangulaire, quoique la créativité de certains architectes ait conduit à la réalisation de structures plus originales (figure 3). Même si certaines de ces structures répondent plutôt à un souci d'esthétisme, la configuration d'un observatoire dépend initialement des conditions du site d'implantation. Les qualités requises pour une telle structure sont :

  • un champ de vision important;
  • une orientation adéquate par rapport au soleil ;
  • un bon confort d'observation (hauteur des bancs, des fenêtres, absence de vibrations du plancher) ;
  • une bonne intégration paysagère de l'observatoire et de son accès ;
  • la robustesse et ta durabilité de la structure ;
  • le respect des conditions de sécurité vis~à·vis du public.

Facteurs ayant une influence sur le choix de la structure

Dimensions

Avantages et inconvénients des différents types de structure
 

Figure 3 : Exemples d'observatoires de configuration originale (structures réelles) ; de gauche à droite : structure hexagonale (réserve de l'étang de Baerenthal· Moselle), structure pyramidale (réserve du lac du Drennec - Finistère), tour métallique (polders hollandais).


3.2.1 FACTEURS AYANT UNE INFLUENCE SUR LE CHOIX DE LA STRUCTURE

Nature et hydromorphie du sol

En zone inondable (marais, bord de lac ou de fleuve ... ), l'observatoire devra être surélevé ("sur pilotis"). Dans la plupart des cas, la réalisation d'un platelage d'accès surélevé est également indispensable. A l'inverse, les sols secs admettent n'importe quel type d'observatoire. De plus, la réalisation d'un plancher, pour les structures reposant directement sur le sol est souvent superflue, ce qui réduit les coûts de construction.

Conditions climatiques

De mauvaises conditions climatiques (pluviosité importante, vents violents, froid hivernal) imposent une plus grande rigueur de construction. Afin de garantir le confort d'observation des visiteurs et la pérennité de l'ouvrage, réalisez une structure fermée, hermétique au vent et à la pluie (doublez les matériaux de couverture à l'aide de polystyrène expansé, utilisez du bois séché en autoclave, etc.), munie de fenêtres vitrées (sur châssis bois, ou fenêtres étanches sur châssis PVC) placées en retrait et inclinées légèrement vers l'intérieur. Les façades d'observation devront être orientées à l'abri des vents dominants. Dans les zones à fortes chaleurs estivales (carrières, régions du sud de la France), évitez les structures trop fermées et de couleur sombre (choix des vernis) ; choisissez un emplacement ombragé ou prévoyez des plantations arbustives ou arborées, réparties également le long des cheminements d'accès ; réalisez des ouvertures supplémentaires pouvant permettre une aération par courants d'air en été (orientation des ouvertures).

Attention à l'utilisation des palissades d'observation (prévoir des éléments de toiture et des paravents sur les côtés) et des miradors, dans les régions très ventées : ces deux types de structures offrent une résistance moindre en raison de leur simplicité (palissades) ou de leur hauteur (miradors). Ils seront facilement arrachés lors des tempêtes et sont inutilisables par vent fort.

Type d'approche favorisée et public

Les structures élevées et les miradors procurent une excellente vue d'ensemble du milieu. Toutefois, "surélévation" ne sous-entend pas forcément "structure sur pilotis" : une structure enterrée ou au sol, implantée en sommet de talus ou de digue, jouera exactement le même rôle. D'après les observations, plus la surélévation est importante, moins les oiseaux réagissent par des mouvements de fuite ou d'éloignement lors de l'arrivée d'observateurs à l'intérieur de la structure : les animaux, en particulier les oiseaux, semblent ne plus "reconnaître" la silhouette humaine.

Si l'aménagement est destiné au grand public en visite libre, n'importe quelle structure conviendra dans la mesure où elle est placée suffisamment en retrait du centre d'intérêt pour éviter les dérangements sonores et visuels de la faune, et que son accès est parfaitement dissimulé. Les enfants sont particulièrement sensibles à la proximité des espèces, mais bruyants : les structures qui leur sont destinées devront être fermées et bien insonorisées.

Intégration paysagère

Afin d'intégrer au mieux un observatoire dans son environnement, vous pouvez jouer sur sa position, sa couleur, sa hauteur, et sa forme. Pensez à le placer en lisière d'un bois, dans un bosquet ou une haie, à mipente. Respectez les lignes fortes du paysage, et évitez notamment les sommets de colline ou de digue ; attention en particulier aux miradors en milieux ouverts et "plats" ! La couleur des matériaux de toiture et du bois a une grande influence sur la perception de la structure par le public : choisissez des matériaux ou des vernis clairs dans les milieux très ouverts (dunes, carrières ... ) mais plus sombres dans les milieux bocagers ou forestiers.

3.2.2 DIMENSIONS

Le tableau 2 indique les dimensions moyennes d'un observatoire rectangulaire fermé, en fonction de sa capacité (nombre de personnes en observation simultanée).

nombre
d'observateurs
utilisation longueur largeur surface utile
1-5 cas particulier 6 2 12 m2
5-10 faible fréquentation 10 2 20 m2
10-20 fréquentation moyenne 10 3 30/35 m2
20-30 groupe scolaire (1 classe) 15 3 45 m2
30-60 fréquentation intensive 25 4  > 50 m2
1 emplacement fauteuil roulant 1 m 1 m 1 m2
Tableau 2 : dimensions moyennes d'un observatoire "standard" en fonction de la capacité requise


3.2.3 AVANTAGES ET INCONVENIENTS DES DIFFERENTS TYPES DE STRUCTURE

Les structures au sol (Etudes de cas 2 et n°3)

Elles conviennent sur les sites où le sol ne présente pas de caractère hydromorphe (sols secs, sableux ... ) ou qui ne sont pas soumis à des inondations temporaires (pluviosité hivernale, crues...). Dans ce cas, la réalisation d'un plancher n'est pas forcément nécessaire et permettra de réduire le coût global (environ 5 000 F pour 38m2 de plancher en sapin blanc non traité, main d'oeuvre non comprise), ainsi que d'éviter le bruit occasionné par les déplacements à l'intérieur de la structure.

  

Les structures sur pilotis (Etudes de cas n°4, n°5, n°6, n°7, n°8 et n°9)

Ce sont les seules structures adaptées en zones humides, en bordure d'étang ou de lac, ou sur tout site sujet à des inondations temporaires. La surélévation permet la découverte d'une plus grande étendue paysagère, et il semble, en outre, que les oiseaux se sentent d'autant plus "en confiance" que ta surélévation est importante. Toutefois, les vibrations qui se propagent sur l'eau pourraient les alerter et provoquer leur fuite. De plus, ces vibrations rendent l'observation impossible (image instable). Aussi, réalisez toujours un plancher très stable (faible espacement des entretoises).

Les structures aériennes (miradors d'observation, études de cas n°10 et n°11)

Elles permettent d'appréhender le site de façon globale, et donnent un champ de vision optimum sur les unités paysagères et écologiques qui le composent. Cependant, leur intégration paysagère est difficile, et elles doivent faire l'objet d'une réflexion architecturale poussée. Leur usage reste souvent limité en forêt ou en lisière de bois/haie, à mi-pente d'un talus, etc. Elles sont indésirables en situation dunaire. Dans certains cas toutefois (Pays-Bas ... ), ces types de structures font partie de l'identité architecturale locale (moulins, phares ... ) et ne représentent pas une intrusion visuelle forte.

Les structures enferrées (Etude de cas n°1)

Particulièrement adaptées pour favoriser l'approche sensible, elles offrent une intégration paysagère parfaite et procurent une vision du milieu inhabituelle et originale. Leur réalisation nécessite l'emploi de matériaux spéciaux afin d'assurer leur étanchéité, en particulier dans les zones humides (structure bétonnée pour toute la partie souterraine ... ). Toutefois, un observatoire standard peut être implanté dans une digue haute ou un talus (pas de nappe affleurante), à condition que tous les bois soient traités en autoclave. Au coût de construction de la structure, il faut rajouter les heures de pelle mécanique ou de bulldozer nécessaires pour décaisser préalablement la digue et la retaluter.

Les palissades d'observation (Etude de cas n°12) et les points de vue

Structures légères et peu coûteuses, elles peuvent être utilisées pour matérialiser un point de découverte privilégié, mais sont difficilement conciliables avec l'observation rapprochée de la faune par le grand public (insonorisation inexistante, effets de silhouettes). Cependant, leur fonctionnalité peut être renforcée par la création d'un écran situé à l'arrière (panneau en voliges, brande, ou écran de végétation naturel). Les palissades sont utilisées par exemple sur les vasières et les prés salés, en prolongement d'une haie le long d'un sentier...

Parallèlement, les points de vue permettent de matérialiser, sans contrainte visuelle forte, des points de découverte ou des points d'observation d'oiseaux à distance importante (vision d'ensemble d'une colonie d'oiseaux, de rassemblements importants...).